Le Congrès de Berlin et la formation du Réseau
Le Réseau existe depuis décembre 1990, lorsque 30 usagers de drogues de sept pays européens se réunirent à Berlin à l’initiative du groupe d’auto-support allemand J.E.S. (“Junkies, Ex-junkies, Substitutes”).
Ce premier congrès se donna pour tâche de développer un réseau européen des groupes d’auto-support existants et de stimuler la formation de tels groupes dans les pays où il n’en existait pas.
Il a mis en chantier trois projets, dont le premier est de préparer une déclaration européenne qui sera adoptée au 2ème Congrès, réunissant 49 participants à Berlin en décembre 1991. Les principales revendications de cette déclaration portent sur la facilitation de l’accès aux soins des personnes atteintes et le renforcement de la prévention du VIH chez les usagers.
Le deuxième projet est de doter le réseau d’une existence légale et d’une structure permanente, avec un secrétariat dont le siège était fixé à Amsterdam, et transféré cette année à Amsterdam. C’est ainsi qu’au 2ème Congrès un Bureau (“General Board”) fut élu afin d’assurer la continuité du travail entre chaque congrès.
Le troisième projet est de préparer un mémorandum sur la situation des usagers de drogues dans les douze pays de la Communauté européenne et les Pays de l’Est. Ce mémorandum s’est achevé au Congrès de Vérone, au mois de décembre 92.
À ce jour, 27 groupes d’auto-support sont membres de ce Réseau.
Raisons d’être et revendications
EIGDU est donc né de l’initiative et par la volonté des usagers pour faire face à l’inefficacité et au peu de moyens mis en œuvre pour arrêter la progression de l’infection à VIH, ainsi que pour faciliter l’accès aux soins de ceux qui sont atteints, dans le contexte des conditions déplorables dans lesquelles vit l’écrasante majorité des usagers européens. Pour y parvenir, EIGDU se fixait quatre objectifs principaux :
Accélérer la mise en place des politiques et projets de réduction des risques.
- Provoquer la renégociation des conventions internationales relatives à le drogue, en vue de donner la priorité à la lutte contre le sida au lieu de la “guerre à la drogue”, comme c’est le cas actuellement. Une guerre qui, pensent-ils, contrecarre à beaucoup d’égards les efforts de prévention du sida.
- Faciliter l’accès aux soins des usagers vivant avec le VIH, séropositifs ou malades, surtout ceux qui sont incarcérés.
- Être reconnus par leurs gouvernements respectifs comme partenaires privilégiés pour tout ce qui concerne la prévention du sida dans leur communauté.
EIGDU se donne pour tâche à la fois d’organiser les usagers de drogues dans les pays où ils ne sont pas encore organisés, en vue de faire pression sur « ceux qui prennent des décisions concernant nos vies et leur dire que nous sommes là. Vous devez parler avec nous, nous avons une expérience de laquelle il y a beaucoup à apprendre » (John Mordaunt, Mainliners)
L’idée est de se constituer là où cela est possible, à l’échelle locale, nationale ou européenne, en groupe de pression et de lobbying.
Depuis 1992, s’est aussi constitué un Réseau mondial d’auto-support d’usagers de drogues (“International Drug Users Network”), ce à l’occasion de la 3ème Conférence internationale sur la réduction des risques pour ces mêmes usagers (Melbourne, Australie), auquel EIGDU a adhéré, notamment avec des groupes d’Australie et des États-Unis.
EIGDU est également reconnu par la Communauté européenne et l’OMS.