Nous avons reçu une lettre d’un habitant de Marseille qui habite à deux pas d’un Caarud. Il nous fait part d’un problème auquel tous les Caarud situés dans un lieu de consommation sont confrontés : problèmes de voisinage, shoots dans les cages d’escaliers, matériel de consommation qui traine… Pour lui, sortir de l’hypocrisie, c’est ouvrir des salles de consommation… Pour ne pas stigmatiser le caarud en question, nous avons supprimé toute les références à cette structure. Et nous l’avons simplement appelé « Caarud »…
J’habite Marseille à deux pas de «Caarud». Nous sommes voisins. Un voisinage qui n’est pas toujours facile à vivre.
Les restes de Stéribox font partie du «décor» de notre rue et de nos halls d’immeubles. Je voudrais aussi vous parler des vols dans les cages d’escaliers ; et du «spectacle désolant» d’un homme assis sur le pas de ma porte et qui, une demi-heure durant, se pique un peu partout sur la main et le bras à la recherche d’une veine ou s’injecter le contenu de sa seringue. Du fils de mes voisins qui à 10 ans, reste subjugué devant l’aberration de cette scène.
Évidement on connait nos voisins et comme les stéribox sont distribués de temps à autre par les fenêtres on finit par être quelque peu agacé par eux. Donc ce matin je sonne chez eux… Trop de vols ces derniers jours trop de «restes» dans notre immeuble, la copropriété va porter plainte. Je viens en informer «Caarud» et chercher une solution pour que le voisinage retrouve un peu de paix.
On est plutôt mal reçu chez «Caarud» et comme ils m’ont claqué la porte au nez, je vous écris ma colère.
Que la soit disant mesure de santé publique derrière laquelle «Caarud» se réfugie à Marseille pour ne pas discuter du problème avec ses voisins est une superbe hypocrisie. Que donner un stéribox à quelqu’un qui va batailler une demie heures sur le trottoir pour se piquer n’a plus rien d’un shoot propre. Que cette façon de faire est irrespectueuse des usagers de drogue précarisés et des habitants du quartier.
Sortir de l’hypocrisie c’est ouvrir des salles de consommations. Et si «Caarud» ne défend pas cette position alors il participe et est complice de cette hypocrisie.
7 Responses
le porte à porte
Claquer la porte au nez, godness & fuck all, il s’agit bien de portes qui résolument, invariablement, indéfectiblement se ferment au nez des plus vulnérables, des plus misérables, les précaires, les désaffiliés, les « racailles », les « karchérisables et karchérisés, oh madame, allons courage, fermer la votre de porte et souriez, tout semble aller pour vous et pour les votre. Ah, grande mode chez les riches, la caméra de surveillance!
Alta Rocca
confusion
l’interet d’avoir des structures et lieux d’accueil avec des protocoles d’accueil differents permet aux usagers d’avoir le choix et beneficier d’un pannel d’aide et de reponses plus large. les structures plus conventionnelles , institutionnelles , sont complementaires des structures auto support.les deux sont necesaires.je crois , pour y travailler, que l’immense majorité de l’equipe de « caarud » (j’y travaille vous aurez compris) milite pour l’ouverture des salles d injection…
confusion bis
Oui, j’ai eu des retours sur une possible confusion du texte sur ce point.
L’équipe de « Caarud » soutient effectivement l’ouverture de salle de consommation ! C’est l’habitant, qui parce qu’il s’est senti rejeté (à tort ou à raison, ce n’est pas le propos de l’article), en tire la conclusion que « Caarud » ne les soutient pas…
confusion (re)
peut etre est il par la même maladroit d’utiliser la parole vindicative d’un voisin?
je ne pense pas que beaucoup de structures d’accueil soient bien vues de leur voisinage!
ce qui n’enleve rien au fait que oui, en interdisant les salles d’injections tout le monde est perdant…
salle de shoot propre
Le 6 octobre 1994 s’est ouverte la première salle d’injection propre d’asud montpellier à Montpellier… et pour ouvrir cette salle des enquêtes de voisinage, auprés des consommateurs de drogues, auprès des commerçants, ont été réalisées par l’association et ce un an avant l’ouverture de la dite salle. Aucune plainte des habitants du quartier n’a eu lieu contre cette salle, grâce à ces enquêtes, à l’information et à la prévention…
Cette salle a été ouverte face, il faut bien le dire, à l’urgence de l’épidémie du sida, à sa progression et à la mise en place d’une politique de réduction des risques auprès des UD… et aussi par la volonté et la personnalité des militants de la réduction des risques, soutenu par un grand nombre d’acteurs politiques, sanitaires et sociaux, associatifs.
La création des salles d’injection propre s’inscrit tout comme l’échange de seringues,dans la politique de réduction des risques… sinon pourquoi remettre du matériel si ce n’est que pour les UD privés de toit ou autre se retrouvent à s’injecter leurs substances dehors, dans la rue, à la vue des uns et des autres, des plus âgés comme des plus jeunes et ce dans des conditions d’hygiènes extrêmement précaires…
estelle
salle de consommation et voisinage
Les voisins de mes voisins sont mes voisins et je crois que personnes n’a intérêt à être fâché avec ses voisins. Les usagers du « caarud » on les connait. On se rencontre dans la rue. Si l’un d’entre eux pique un peu trop du nez il y a toujours qqun pour lui venir en aide. On connait aussi quelques fâcheux ronchons. Un « méchant plein de caméras » , celui là est fâché avec presque tout le monde. Des intellos plutôt bienveillants,des profs, des artistes, dse travailleurs sociaux… Des anciens, fragiles et craintifs… Christian fidèle sdf du bout de la rue, qui régulièrement est pris en charge par qq nouveau arrivants du quartier pour tenter un retour en hébergement et revient toujours, finalement dormir sur le perron de la pharmacie. Patricia qui « travaille » depuis 25 ans au coin de la rue des héros et qui ne se gène pas pour gronder les petits qui font des bêtises .Des riches, ici ! Non pas vraiment, pour répondre à « Alta Rocca » qui ne connait sans doute pas le quartier. Les riches à Marseille ne vivent pas là. Le monsieur qui claque les portes non plus, ne vit pas là…
Et ce qui est plutôt bien ici c’est qu’on se parle et qu’on se connait. On se soutien et si la voisine est venue vous voir c’est qu’elle trouvait dommage que la situation se soit tellement dégradée ces derniers temps. C’est important de se parler !!!! Et puis c’est quand même incroyable de se faire foutre dehors quand on vient proposer à un groupe d’auto-support de soutenir l’ouverture d’une salle de consommations !
Les structures d’accueil , ici,ne sont pas « mal vues » mais elles sont très nombreuses dans le quartier ou une grande partie de la population est de plus en plus précarisé. C’est à la ghettoïsation qu’i l nous faut résister et pas en excluant mais au contraire en intégrant et en maintenant le plus solidement possible les liens qui font le tissus social de notre quartier.
Alors de grâce ne fermez pas la porte; les « sécuritaires, les extrémistes mal veillant » ne viendrons pas vous voir, ceux là appellent la police écrivent au maire et au préfet. Ne vous trompez pas d’ennemis.
confusion ?
ce débat qui devient national (paris, marseille, et?…) semble prendre bien souvent un sens « sanitaire » en oubliant la composante citoyenne… le lien est facile à voir, à entretenir & à tendre vers l’autre du moment que l’on est avec un toit & un revenu, une activité… hors, pour celles & ceux qui n’en ont pas ou plus (et qui en plus, dorment, shootent voire vivent sous nos yeux de citadins s’arrangeant des mutations marseillaises récentes excluant les plus démunis & les plus « pauvres » loin d’un centre qui perd tout « folklore ») nous pensons leur « offrir » des salles de consommations avant… avant des maisons !!! pour qu’eux aussi aient le choix de tisser (ou pas) des liens à partir d’un foyer qui leur est propre… ou ils feraient comme tout un chacun avec son logement et son revenu, ce qu’il veulent & entendent ou encore consommer des drogues (illégales)… ou pas mais c’est un autre débat qui s’ouvre alors… la france serait-elle favorable à la décriminalisation des usages de drogues? ça, ce serait citoyen !!!