Pêle-mêle, Bernard, le premier de l’école et champion d’athlétisme, crée dans les années 70 le Mouvement Valaisan d’actions non-violentes et écrit dans Combat non-violent. Il devient le promoteur de l’objection de conscience et participe à la création du WWF. Il contribue grandement à l’essor de l’agriculture biologique qu’il pratique dans sa ferme (l’Oasis) achetée en 1975 et il créé un syndicat agricole, l’Union des producteurs suisses. Il organise avec quelques amis un festival façon Woodstock et manage un groupe de rock helvétique.
Mais sa renommée, la partie la plus développée de cette autobiographie qui débute par « la chronologie de ses différentes incarcérations et grèves de la faim », Bernard Rappaz la doit à sa passion pour le chanvre et à son acharnement pour défendre sa légalisation dans cet étrange pays où on a le droit d’en cultiver, à condition de ne pas le transformer en stupéfiant.
De la prison au chanvre
La première fois qu’il se retrouve en prison, ce n’est pas à cause du chanvre, mais pour un casse de banque, pas une petite banque à la noix, mais une vraie banque à la Suisse. Il sera condamné à quarante mois de prison et entamera sa première grève de la faim, une méthode héritée du jeûne que Bernard, disciple de Gandhi, pratique… « Le jeûne, c’est la santé et une automédication efficace », écrit-il dans son livre.
Grâce (ou à cause) de la prison, il ose se lancer dans la culture à risques du chanvre. En 1992, les policiers découvrent (suite à une dénonciation) 250 pieds de chanvre dans une tomatière, ce qui l’amène à s’intéresser de près à la loi suisse, puis à militer pour la légalisation du chanvre. Ponctuée de grèves de la faim, cette première peine sera suivie de nombreuses autres. Bernard Rappaz enchaîne avec la tisane de chanvre qu’il paie de quelques jours de prison, puis avec l’huile de chanvre riche en oméga 3. Il fonde la société Valchanvre et participe à la création des Amis suisses du chanvre (ASAC), qui deviendra célèbre en 1999 lorsque Bernard ouvre les portes de sa petite entreprise aux caméras de M6.
Du chanvre à la prison
En 1996, il est rattrapé par la justice pour ses activités chanvrières, et plus particulièrement la commercialisation de coussins thérapeutiques. Il sera condamné et entamera immédiatement une grève de la faim qui durera quarante-deux jours.
C’est bien sûr dans la solitude de sa cellule que Bernard a écrit ses mémoires. Le livre raconte ses démêlés avec la justice valaisanne, un combat singulier entre de féroces magistrats soutenus par Le Nouvelliste, feuille de chou valaisanne, et une forte tête sûre de son bon droit qui se considère comme un prisonnier politique et qui jamais n’abandonne, comme le prouvent ses interminables grèves de la faim.
Si voulez en savoir plus sur la politique suisse des drogues et sur le combat de Bernard Rappaz, lisez Pionnier ! Un cahier central, avec des photos du Jack Herer valaisan et des extraits de presse sur ses aventures, complète la lecture.
Pionnier !
Bernard Rappaz
Éditions Favre
(18 euros)
Bernard Rappaz est aussi l’un des principaux protagonistes du documentaire Le chanvre en Suisse que vous pouvez voir ici.