Le vent hurle dehors.
Un volet claque, giflant le mur désolé sous la lueur d’octobre.
Ne tournes pas la page…
Des enfants hurlent.
Sans cri.
Avec les yeux seulement.
Sur les trottoirs-néons.
Sous les réverbères-suicide et le fard triste de l’amour tarifé.
Ne tournes pas la page..
Écoutes. Ne bouges pas. Ne touches. Ne parles pas.
Surtout, laisses tes yeux rivés sur la plaie entrouverte.
Le rictus effrayant du jour qui s’annonce – Étrange .
Et gardes tes sentiments, tes larmes et tes serments bien au fond de ta poche sous ton mouchoir d’erreurs.
Respires de tous tes sens, La haine La déraison.
Le noir destin du tendre?. La passion du démon.
Et le souffle de l’enfant, à peine chaud sur la vitre.
Ne tournes pas la page…
Fiel et enfer tapissent le chemin qui te mène à demain.
Déjà les orateurs-hyènes récitent et vomissent les grandes prophéties.
Anesthésiant ainsi la veuve et l’orphelin.
Ne tournes pas la page…
Sous l’encre des mots vibre la démesure.
L’intense certitude.
Ils griffent les murs lisses des mouroirs de la honte, par leurs slogans d’amour fou.
Conjuguent l’Espoir.
Au présent.
Au futur.
Au plus-que-Parfait.
Ils lavent le sang
avec leurs mains d’enfant ouvertes sur l’infini.
Ne tourne pas la page.
Voici CEUX qu’on condamne.
CEUX dont le seul oubli est de trop aimer VIVRE .