L’association Élus, santé publique & territoires (ESPT) s’est vu confier par la mairie de Paris et le Conseil régional d’Île-de-France l’organisation d’un séminaire destiné à éclairer les élus locaux sur les salles de consommation à moindres risques. Entretien avec Laurent El Ghozi, le président d’ESPT.
Pouvez-vous présenter votre association ?
Financée par la Direction générale de la santé (DGS) et par le Secrétariat général du comité interministériel des villes (SG-CIV), ESPT est une association créée lors des Assises pour la Ville en avril 2005, avec pour objectifs la réduction des inégalités de santé, l’accès aux soins et à la prévention, et la reconnaissance du rôle des communes dans la mise en œuvre des politiques territoriales de santé. L’association compte plus de 60 villes adhérentes (représentant plus de 7 millions d’habitants) très variées, à la fois par leur taille et leur couleur politique : des grandes villes (Lille, Paris, Marseille), des villes moyennes (Strasbourg, Toulouse, Reims), des villes de banlieues (Saint-Denis, Fontenay-aux-Roses, Clichy-sous-Bois, Nanterre), toutes ayant pour point commun que leurs élus pensent que la santé fait partie intégrante des responsabilités de la ville. Et à partir du moment où les villes s’intéressent à la santé, il y a une vraie convergence entre celles de gauche et celles de droite.
Notre méthodologie est de favoriser l’échange de pratiques et la réflexion entre les différents élus chargés de la santé et de prendre des positions publiques pour peser dans le débat, notamment en organisant chaque année 2 journées nationales d’études sur différents thèmes. L’année dernière, nous avons par exemple réalisé une journée nationale d’étude sur « santé mentale, sécurités, libertés ».
Pourquoi ce séminaire ?
Nous avions déjà un projet de travail sur la toxicomanie avec le Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU), qui est un peu l’équivalent d’ESPT pour la sécurité urbaine. Puis il y a eu la prise de position du Collectif et celle de Jean-Marie Le Guen, maire-adjoint chargé de la santé à Paris, qui nous a missionné pour mettre en place ce séminaire destiné à éclairer le débat public sur les aspects juridiques, éthiques et sociosanitaires, et à fournir des informations ciblées et pédagogiques aux élus locaux pour leur permettre de décider en toute connaissance de cause sur la réduction des risques, et en particulier sur les salles de consommation. Avec ce séminaire, nous sommes dans le concret. Ce que les élus veulent savoir, c’est si les salles de consommation peuvent améliorer l’état de santé des usagers et du quartier, et si oui, comment on fait. Car quelles que soient les décisions du gouvernement, les salles de consommation ne se feront pas sans les élus locaux.
Comment va-t-il se passer ?
Huit villes de gauche comme de droite (Paris, Lille, Marseille, Le Havre, Mulhouse, Annemasse, Saint-Denis et Bordeaux) se sont inscrites à ce séminaire, auxquelles il faut ajouter le Conseil régional d’Île-de-France et peut-être le Conseil général de Seine-Saint-Denis. Il y aura donc les 3 niveaux de collectivités territoriales, et un échantillon de villes très diverses. Un séminaire d’une trentaine de personnes, avec une quinzaine d’élus chargés de la santé dans ces collectivités territoriales et leurs collaborateurs. Il y aura notamment 8 élus de la ville de Paris de toutes les couleurs politiques.
Le séminaire se déroulera en 3 temps : 2 journées entières d’audition d’experts et de personnalités incontestées de différents champs avec des points de vue complémentaires, voire opposés, 2 voyages dans des villes d’Europe ayant déjà des salles de consommation (probablement Bilbao et Genève) afin de rencontrer à la fois les élus de ces villes et les opérateurs, et enfin une restitution publique finale en septembre 2010 à la mairie de Paris dans laquelle les élus rendront compte de leurs travaux et prendront publiquement une position argumentée et éclairée.