Une polémique a éclaté pendant les Egus IV et les journées de la RdR. Asud, à cause de son nouveau statut « d’association de patients », serait devenu une association de malades ?
En 2007, l’association Asud est « agréée au niveau national pour représenter les usagers dans les instances hospitalières ou de santé publique » (J.O n° 285 du 8 décembre 2007 page 19914 texte n° 44). Cet agrément vient de la loi du 4 mars 2002 relative à la représentation des personnes malades et des usagers du système de santé, destinée à améliorer la qualité du soin.
Cette loi nous permet de représenter les usagers du système de santé dans les instances et établissement de santé public. Cela comprend en particulier les différents groupes de travail du ministère de la santé, les hôpitaux, mais aussi les CSST/Csapa, les centres d’addictologie, les caarud… Il devient également possible de nous porter partie civile, quand ces établissements causent, par imprudence, maladresse, négligence ou inattention, la mort d’autrui ou une incapacité totale de travail.
Comme vous le voyez, ce n’est pas rien, et pour la première fois, nous pouvons comptez sur la loi pour faire valoir nos droits de citoyens.
Mais ce n’est pas tout. Ce statut d’association d’usagers du système de soin nous donne aussi un statut légal : nous n’ oublions pas les mots d’Étienne Apaire, le président de la Mildt lors de notre rencontre mi-2007 : « je ne comprend pas comment vous avez pu vous constituer en association. Au regard de la loi, vous êtes des criminels ». Ces paroles ne sont pas isolées. C’est la même rhétorique qu’ont utilisé les députés en 2004, accusant la MILDT de laxisme, parce qu’elle finançait des asso d’usagers de drogues (Asud et Techno +).
Depuis un an, nous essayons de digérer ce nouveau statut et d’expliquer ce changement. En effet, tout ces avantages ne vont pas sans poser un certains nombres de questions d’ailleurs soulevées avec pertinence aux Journées de la rdr. « Association de patients, est ce que ça veut dire que vous êtes des malades de la drogue ». « Et que deviennent vos revendications sur l’usage de drogue, sur la liberté de consommer, sur la dépénalisation, sur la citoyenneté de l’usager de drogues ?»
Est-on des malades de la drogue ? Cette loi du 4 janvier 2004 s’adresse aux malades ET aux usagers du système de soin. Ces derniers peuvent être des personnes en maison de retraite, des femmes enceintes… ou des usagers de drogues ! Rien à voir avec des malades. Cette loi ne nous enferme pas dans la maladie !
De plus, pour les personnes substituées la maladie n’est pas un bon modèle. La médicalisation actuelles des addictions , qui voudrait faire des personnes dépendantes des malades du cerveau se trompe lourdement en oubliant le contexte de notre société addictogène. En pointant le dysfonctionnement du cerveau, elle continue à nous stigmatiser comme malade mentale et voudrait nous enlever tout pouvoir sur nous même. Or, nous croyons, que même si l’addiction est sévère, il reste à l’usager un espace qui peut lui permettre de sortir ou de gérer autrement son addiction. Et si il reste un tel espace, le modèle de la maladie devient obsolète…
Et notre combat pour la citoyenneté des usagers de drogues ? Cette loi de 2002 la renforce et permet de défendre le droit des usagers de drogues dans le système de santé. C’est certes restreint et la citoyenneté des ud ne s’arrêtent pas au soin… Mais pour nous, c’est un début, la santé étant un fil que l’on tire pour enrichir notre combat pour la dépénalisation et contre la stigmatisation. De plus, si nous employons moins les termes « liberté de consommer », c’est parce que ces termes empêchent tout débat dans cette société hygiéniste. Mais au fond, qu’est ce que la dépénalisation si ce n’est la liberté de consommer !
Finalement, ce que l’on pourrait nous reprocher à raison, c’est de faire passer ce statut d’usagers du soins avant celui d’usagers de drogues. C’est vrai si on se réfère au nombre d’actions développées par Asud. Mais nous avons entendu votre message. Et pour 2009, nous reprenons l’offensive et nous vous préparons des actions de pur drogués !
2 Responses
action dans les régions
si j’ai bien compris le texte de pierre, nous pouvons donc nous adresser aux csst de nos régions afin d’y avoir un droit de regard? de propositions? ceci serait une sacré avancées pour nous tous, car il est à remarquer qu’en de nombreux lieux en province, les csst n’offrent aucune possibilité de travail avec les usagers, perpétuant ainsi la tradition médicale du chacun à sa place,et surtout pas venir « vous « poser en « connaisseurs »…malgré nos connaissances!
vivent les CVS !
Je travaille moi-même dans un Csst … J’espère bien que les usagers de ma structure vont venir voir ce qui s’y passe et comment cela s’y déroule, mais ce n’est chose a priori aisée ni pour les uns ni pour les autres, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer de prime abord. Les usagers et consommateurs ne sont pas les moins frileux à donner leur avis et à chercher à connaitre le fonctionnement, ça vient gentiment. Ce qu’il y a de bien, c’est que les professionnels des centres ne sont sûrement pas les ennemis des patients, usagers, consommateurs… et qu’un peu de dialogue, ça va le faire !