Cet été, près d’une dizaine d’usagers de drogues ont été victimes de surdoses mortelles dans la région de Montpellier, (déja l’été 92 avait été meurtrier avec les décès de onze Toxicos. Lors de l’autopsie, quatre d’entre-eux n’avaient aucune trace d’opiacé dans l’organisme).
Les médias se sont pourtant généreusement fait l’écho de cette « série noire pour la blanche » en persistant dans la désinformation, habituelle lorsqu’ils (mal) traitent le sujet DROGUE.
Les pouvoirs publics eux aussi ne sont pas restés en reste : il leur a fallu plus d’un mois pour expliquer que, contrairement à ce qu’ils affirmaient il ne s’agissait pas d’une héroïne trop pure, mais d’un produit ultra coupé à la caféine! Bilan de l’analyse Toxicologique : 95% de caféine et 2,5% d’Héroine !
Pourtant les témoignages de quelques rescapés étaient très explicites!
La dope mise en cause était blanche, se diluait difficilement et une fois liquide se solidifiait en cristaux dans la seringue tout de suite après l’injection ces personnes ont ressenti de très violents maux de tête. « J’ai cru que ma tête allait éclater », a précisé l’une d’entre-elles, ainsi qu’une méchante sensation de brulûre dans les veines. Le malaise (un œdème foudroyant), survenait plusieurs heures après .. . Edifiant.
N’importe quel usager, à la lecture de ces informations, aurait compris qu’il ne s’agissait nullement d’une héro trop pure. Une overdose d’héroïne ne provoque aucune sensation désagréable (bien au contraire … ), et provoque instantanément une perte de connaissance. De plus, les dealers, étant rarement des mécènes, savent parfaitement comment surcouper la dope. Ils n’ont guère envie non plus de « perdre » leurs clients, ni de s’attirer les foudres de la police et connaissent bien les produits de coupe « acceptables ».
Les overdoses dues à un excès d’héroïne sont extrêmement rares, la came vendue dans la rue dépasse rarement les 10% de pureté.
En fait, les décès sont plus souvent dus à des vilains mélanges de benzodiazépines style rohypnol (souvent prescrit avec générosité) d’alcool et … de dope.
Seul fait exceptionnel de cette sale affaire : le Substitut de la République a pris l’initiative de prévenir les usagers de drogues locaux d’être vigilants(?) sur l’héroïne qu’ils achetaient.
Certains médecins leur ont également conseillé de se reporter sur les produits de substitution.
D’après ASUD Montpellier, l’affaire était plutôt difficile vu qu’à l’exception d’un ou deux courageux, les docteurs montpellierains refusent de prescrire des opiacés.
Quelques précédents
Au début des années 80, une héroïne iranienne mal raffinée avait rendu aveugle plusieurs consommateurs. Une autre donnait la maladie de Parkinson … Plus récemment, une héroïne vendue sous forme de caillou bleu dans le quartier de Belleville et de Barbès en a expédié plus d’un à l’hopital avec de graves problèmes rénaux etc … etc.
Centre anti-polson 40 37 04 04
Après cette triste série, qui fait suite à tant d’autres, nous avons ·voulu en savoir plus sur les produits de coupe. En collaboration avec l’émission « c’est pas sorcier » (diffusée chaque dimanche de 10 h à 11 h sur France 3), nous sommes allés acheter quelques grammes d’héroïne sur le marché de rue parisien, afin de le faire analyser. Ca peut servir de savoir un peu ce que l’on s’envoie dans les veines jour après jour… Le laboratoire de la police scientifique a accepté de procéder a l’analyse. En voici le résultat, commenté par le Dr Jouannique du centre anti-poison de l’hopital Fernand Widal. L’analyse de l’échantillon d’héroïne fait apparaître un certain nombre d’impuretés.
L’héroîne vendue dans la rue est le plus souvent coupée avec des adultérants. Ce sont souvent des sucres qui sont facilement solubles (lactose, saccharose, glucose … ), de la quinine dont le goût amer est proche de l’héroîne, de l’aspirine, mais aussi des substances diverses très toxiques (strychine) ou insolubles (talc).
Certains adjuvants sont toxiques par leur action pharmalogique propre ou par leur insolubilité dans les fluides corporels. Par exemple, le talc ou l’amidon sont à l’origine de granulomes pulmonaires, hépatiques ou cérébraux qui peuvent être mortels.
Le mannicol a été longtemps utilisé comme produit de 0.50 % 0 . 50 % 15.00 % Présence 4 Saccharose : sucre, utilisé dans ce cadre pour sa solubilité. Il s’agit ici de sucre glace (50%1). En ce qui concerne les autres constituants (Noscopine, codéïne … ), il s’agit de dérivés opiacés, à l’origine de dépréssion du système respiratoire et du système neurologique. coupe jusqu’à ce que la société qui le fabrique rajoute a sa composition un truc bizarre qui nique la came à laquelle elle est mélangée.
L’ « overdose » ou « surdose » est une complication fréquente, qui dépend de l’état du patient, de la dose injectée (qui n’est jamais connue avec précision) et aussi des mélanges inprovisés. La majorité des complications après injection de drogue sont liées aux impuretés introduites soit lors de la fabrication de la drogue, soit du fait d’une inoculation septique (mauvaise hygiène). Les décès survenus à Montpellier en sont l’illustration.
Jean-René – Didier