Eh oui! Tel le phénix renaissant de ses cendres, ASUD se fend d’un cinquième numéro. On pourrait presque ajouter opportunément. En effet « contre la drogue » le gouvernement fait parler la poudre … et celle-ci le lui rend bien. Le plan Balladur de lutte contre la toxicomanie a suscité une foule de commentaires.
De chez les Depardieu à la cité des Biscottes, l’on s’étonne de la progression d’un phénomène devant lequel toutes les politiques s’avèrent aussi inefficaces que dans la lutte contre le chômage.
Le journal ASUD s’est donc inquiété des mystérieuses surdoses de caféïne dont plusieurs montpelliérains furent victimes cet été. Les « nouveaux zombies », symétriques toxicos des nouveaux pauvres sont de plus en plus nombreux à zoner dans les quartiers à risques. ASUD a enquêté à « la boutique », seule et unique structure française ayant vocation d’accueillir « des toxicomanes non sevrés » (terminologie officielle). Devant l’urgence extrême à trouver des alternatives crédibles aux faillites successives des « intervenants en toxicomanies » en matière de sida, certains d’entre eux se sont livrés à de déchirantes révisions (merci prof. OLIVEINSTEIN). L’hystérie anti-méthadone semble céder la place à la nécessité de sauver des vies humaines. Bravo. Le sacro-saint sevrage, objet de tous les cultes officiels, s’efface devant l’angoisse engendrée par des milliers de toxicomanes séropositifs susceptibles de contaminer la population saine?
Remise en question du sevrage, programmes de méthadone, la France s’avancerait-elle à petit pas vers la réduction des risques? Si cela est vrai, il importe de pouvoir responsabiliser les usagers de drogues qui, on l’oublie trop souvent, sont les acteurs de leur propre toxicomanie et non des spectateurs passifs. L’eau de Javel est-elle réellement un antiseptique du virus V.l.H.? La méthadone a-t-elle une action immune-dépressive? Voilà des questions que se posent les usagers de drogues en quête de réponses sur les possibilités de préserver leur santé et celle de leurs proches. Plutôt que d’encourager les chasses aux tox, nouvelles ratonnades de nos banlieues ghetto, il convient de les associer le plus largement possible à la politique de réduction des risques. L’association « Limiter la casse » s’est donnée pour objectif de promouvoir cette politique, et nous invite, nous usagers de drogues et ex- usagers de drogues, à la rejoindre.
Toute politique qui ne saura pas faire des drogués les agents actifs de leur propre santé est nécessairement vouée à l’échec. Tous les pays d’Europe en ont tiré les leçons. Alors, par pitié, limitons aussi la casse des drogués français.
Fabrice