Comme on pouvait s’y attendre, le militantisme revendiqué des planteurs regroupés dans le Cannabis social club français (CSCF) a abouti au procès du porte-parole du mouvement, Dominique Broc, le 8 avril 2013. Ceux concernant les clubs locaux qui se sont déclarés en préfecture sont annoncés. Le dialogue est parfois bien difficile…
Pour les adhérents et les sympathisants du CSCF, il s’agit bien de désobéissance civile, d’une infraction consciente et intentionnelle, dans le but d’infléchir et de modifier les règles obsolètes en vigueur. Ainsi que l’a justement rappelé le procureur de Tours lors du procès du 8 avril, la loi est faite de règles collectives dont la force est supérieure aux actes individuels. Mais pour autant, le rôle de la loi n’est pas d’écrire l’Histoire.
Réalité du cannabis français
L’histoire actuelle du cannabis en France en est bien la preuve. C’est la substance illicite la plus répandue en dépit de toutes les interpellations, injonctions, interdictions, condamnations. Rien de plus commode pour un lycéen ou même un collégien d’en faire usage. Alors que le but officiel est exactement l’inverse. Les efforts actuels de prévention à coup de spots TV ou d’interventions en milieu scolaire ne servent qu’à alarmer les parents et relèvent plus d’une morale vertueuse que d’une information fondée sur des données scientifiques.
Quant aux adultes usagers de cannabis, beaucoup ont compris la nocivité sanitaire, sociale et financière du trafic. Ils cherchent donc à s’autonomiser le plus possible pour ne pas en être complice.
Il ne faut pas oublier les usagers dits « thérapeutiques », plus nombreux qu’on pourrait le croire, pour lesquels le cannabis convient mieux que les médicaments des laboratoires. Des recherches ont prouvé que certaines variétés sont plus efficaces que d’autres comme auxiliaires de traitements médicaux. En France, l’autoproduction est le seul moyen pour un patient de découvrir et se soigner avec la plante adaptée à sa pathologie.
Transparent et responsable
Le CSCF veut faciliter un usage encadré, responsable et non incitatif. Il s’inscrit complètement dans une réduction active des risques liés à l’usage du cannabis en prônant une information objective et une éducation à l’usage. Le fonctionnement des clubs se fait avec une volonté de transparence exemplaire qui offre une traçabilité parfaite propre à rassurer les autorités. Le CSCF veut contribuer à une évaluation objective du phénomène cannabis. Il est en train de se doter d’un outil d’observation qui permettra l’émergence de données inédites sur le plan épidémiologique, social, médical ou botanique.
Différentes formes de soutien
Alors, oui, il y a désobéissance civile générée par une situation catastrophique qu’il serait grand temps d’assainir. Ce mouvement suscite des soutiens parmi des inconnus, complètement insérés socialement, souvent non-consommateurs, qui se sont manifestés par des dons ou des encouragements auprès de l’avocat de Dominique Broc. Il y a aussi l’opération d’outing du peuple de l’herbe sur Facebook : près de 500 cartes d’autodénonciation d’origines très diverses et la soixantaine de lettres de soutien reçues par l’avocat. L’opinion publique est sensible à ce débat. On peut regretter le petit nombre de personnes présentes venues soutenir la cause des CSC lors du procès du 8 Avril. Beaucoup travaillent un lundi après‑midi, ils ont hésité à prendre une journée de congé. D’autres ne pouvaient pas faire face aux frais de transport. Mais le mouvement est lancé. Il va se construire davantage et perdurer.
Mouvement durable
Sur la base d’une reconnaissance mondiale de la faillite d’un système irréaliste, il s’agit simplement de ne pas laisser la situation empirer. Le cannabis n’a pas de dose létale contrairement à d’autres substances légales. Pourtant, mal encadré et accompagné d’une mauvaise information, son usage peut provoquer des désordres de toutes natures. Il serait important d’en prendre enfin conscience et d’agir en conséquence. Avec ordre et méthode, car il y a maintenant de très nombreux paramètres à prendre en compte. C’est dans cette démarche positive que le CSCF veut s’inscrire. Est-ce vraiment trop utopique ?