Cette dernière session des égus était donc consacrée aux personnes qui prennent des drogues et qui travaillent dans des structures médicosociales, parce qu’il semble que dans ce pays, cela pose problème alors que dans certains pays anglo-saxons, c’est quasiment la règle.
Cet article fait partie du dossier Les usagers-salariés du médicosocial.
J’ai par exemple été frappé aux États-Unis où l’ensemble du secteur de base, ceux qui sont au contact avec les usagers, sont des gens qui se définissent comme ex-usagers et savent du coup exactement de quoi ils parlent. Même s’ils sont par ailleurs diplômés, les gens ne se cachent jamais d’avoir été consommateurs. En France, cela aboutit à un paradoxe : ceux qui travaillent dans les structures et consomment eux-mêmes des drogues seront les derniers à pouvoir profiter des services proposés par leur structure. C’est une cause d’invalidation de leur parole et de leur profession. Il serait pourtant intéressant que l’ensemble des gens qui travaillent dans ce secteur et qui consomment des substances aient à un moment la possibilité de s’exprimer publiquement, collectivement ou anonymement sur leur usage pour changer les représentations au niveau de la société. Que l’on s’interroge enfin sur cette immense hypocrisie qui consiste à avoir les usagers d’un côté et les professionnels de l’autre.
Cet article fait partie du dossier Les usagers-salariés du médicosocial.