Du 16 au 19 novembre, Asud a participé à un séminaire sur l’Empowerment, initié par Correlation, un réseau européen de réduction des risques.
Ainsi, des fournisseurs de services de RDR, des groupes d’auto-support d’usagers de drogues et de parents d’usagers, se sont donnés rendez-vous pour parler d’empowerment, c’est à dire en langage décodé, d’émancipation des usagers de drogues.
Le séminaire s’est passé à Turin, ville italienne émergente qui s’éveille à la culture après des années d’industrialisation forcenée (c’est la ville de Fiat !).
Au bout de 10h de train avec panne de TGV qui nous obligera à en changer, 30 mn de taxi avec un conducteur français qui nous raconte l’histoire de Turin, nous voila accueilli dans un ancien monastère, loin de la ville : c’est bien du travail qui nous attend, et pas la dégustation des spécialités locales…
Après une nuit de repos, nous nous retrouvons dans une salle d’une trentaine de personnes, pour écouter en anglais, (il faut vraiment que je me perfectionne…promis, je commence demain…), les diverses expériences présentées :
- Des turinois nous parlent de leur « drop-in » (l’équivalent de nos boutiques), ou des « peer operators » (des pairs) sont chargés de faire le lien entre professionels médico-sociaux et usagers de la rue. En Italie, la situation est à peu prés la meme qu’en France au niveau de l’échange de seringue et de l’accueil bas-seuil. Pour la substitution, la méthadone à une part de marché de 80% et le Subutex de 20% : c’est le contraire chez nous.
- Le groupe suisse d’auto-support de parents d’UD nous fait une belle leçon de RDR, ce qui nous surprend beaucoup comparée à la situation française où des parents luttent contre celle-ci.
- Des néérlandais nous présentent « le manuel de l’auto-support », qui décrit les conditions de réussite et les facteurs facilitants la création et la pérennisation d’un groupe d’auto-support : c’est très théorique, et nous semble loin de notre réalité…plus anarchique…
Lors de la deuxième journée, nous nous retrouvons entre groupes d’auto-support européens, pour discuter de la création d’un réseau européen d’usagers de drogues destiné à faire du lobbying au parlement européen et à aider à la création d’entité nationale. De telles expériences ayant déjà vu le jour et avortées, nous nous promettons de pas faire les mêmes erreurs et d’avancer à petit pas, avec l’expérience des anciens (dinosaure ?) comme Fabrice (-:.
Mais les séminaires, c’est surtout l’opportunité de belles rencontres informelles, de discutions de couloir, et l’occasion de refaire le monde entre passionnés de la RDR :
Ainsi, entre deux plats de pâtes, nous avons rencontré Enzo, qui tient une salle de consommation pour étrangers à Amsterdam. Surpris par tant de pragmatisme, nous lui avons promis de faire un reportage sur cette structure unique en Europe !
Autour d’un cappuccino, nous avons sympathisé avec Katerina, salariée d’une structure slovaque qui nous a décrit la situation de son pays : 9 programmes d’échanges de seringues, très peu de place méthadone et l’émergence des amphétamines, sorte de cocaïne du pauvre.
Et puis, il y avait aussi Théo, néerlandais, vétéran de la RDR et membre du très reconnu groupe d’auto-support LSD, Winnie, membre de la puissante DDUU (Danish Drug User Union) (plus de 1000 adhérents) et Stijn, président de BreakLine à Anvers. Tous aussi passionnant que passionnés !
Enfin, petite palme à Asud, la seule association d’auto-support présente à avoir un journal, et à avoir traversé dix ans de RDR… C’est dire l’état de fragilité des associations d’auto-support souvent éphémères en Europe. Convaincu de la nécessité de former un réseau européen solide et heureux de se connaitre (ou de se revoir), nous nous sommes donné rendez-vous à Varsovie, pour pouvoir continuer notre travail pendant la Conférence Internationale de Réduction des Risques. (IHRC in english…(-:).