Dans l’antiquité
La décoction ou la “ confiture ” de pavots existe depuis la nuit des temps. Les Romains l’appelaient “ diaconium ”. Les sirops opiacés et autres “ dormants ” de nos anciennes pharmacies ne sont rien d’autre. Ce furent des médications très largement utilisées pour toutes sortes de maux ainsi que pour leurs effets calmants. Encore au début de ce siècle la mortalité enfantine due à l’abus de “ diacode ” était très élevée dans le nord de la France. Les parents en donnaient aux enfants pour qu’ils dorment pendant qu’ils travaillaient 12 h par jour dans les manufactures.
En Inde c’était la drogue de choix des pauvres, qui appelaient « affioni », sur un ton teinté d’un mépris envieux, les riches qui pouvaient se payer du véritable opium. En Perse, au 17 et 18e siècle on trouvait un peu partout des « Coffee Shop » où l’on consommait du « Kokhnar » qui n’était autre qu’une décoction de têtes de pavots. Dans ces endroits l’ambiance pouvait être surprenante pour un étranger. Les hommes en arrivant, y parlaient fort, s’engueulaient et parfois s’insultaient puis, au fur et à mesure que le « Kokhnar » agissait, leur comportement changeait et ça se terminait par des courtoisies, des compliments et parfois de chaudes effusions. C’était une espèce de rituel de régulation sociale servant à résoudre les conflits et à évacuer les tensions.
Kompot et Khanka
Aujourd’hui dans les pays de l’est (Russie, Bulgarie…) les paysans ont souvent des plants de pavots à opium dans leur jardin. Ils utilisent en général les graines pour la pâtisserie mais les anciens apprécient une décoction le soir pour aider à dormir et pour soulager des maux qui peuvent affliger la vieillesse.
Dans ces mêmes pays on trouve également le fameux “ kompot ” ou “ khanka ” consommé par certains junkies locaux. Après avoir cuit les pavots, on y dilue des comprimés d’anti histaminiques afin de réduire les démangeaisons. Ensuite on filtre plusieurs fois à travers un linge. On rajoute de l’anhydride acétique, de l’acétone et du vinaigre puis après quelques autres manipulations on récupère un film noirâtre : une héroïne très instable qui doit être injectée dans les heures suivantes.
En Australie, on connaît bien le thé aux graines de pavots. Les plus acharnés font bouillir environ 300 grammes pendant dix minutes avec des citrons, filtrent et refont bouillir le liquide pour réduire de moitié. Le résultat est très amer et contient environ 20mg de morphine D’autres broient les graines et en font une infusion. En Tasmanie, des mecs sont salement accro aux décoctions de pavot.
Le Rach, un produit saisonnier
Déjà au début des années 70, les premiers junkies allaient au Maroc pour décrocher de l’héroïne marseillaise. Là bas, des décoctions de grosses têtes de pavot leur permettaient de soulager le manque et de se sevrer progressivement. De retour en France, certains découvrirent les champs de notre beau pays mais gardèrent jalousement le secret. Ce n’est qu’au début des années 90, qu’on entendit parfois parler de “ Rach ” ou de “ Rachacha ”. Depuis on en trouve tous les étés. Fumé sous forme de boulette mélangé à du tabac dans des Bongs mais les effets sont assez légers. Le Rachacha n’est pas vraiment fait pour être fumé contrairement au “ chandoo ” (ou opium à fumer) . Gobé par petits bouts il sert parfois à amortir une descente d’ecstasy ou d’acide . En général on trouve le « rach » en été mais les plus prévoyants font des provisions qui peuvent durer jusqu’en hiver. Les prix varient de quelques dizaines de F à 100F pour un gramme.