Un mode de consommation est une technique permettant de faire pénétrer une substance dans le corps pour qu’elle agisse. En ce qui concerne les drogues il s’agit donc généralement d’atteindre dans un premier temps la circulation sanguine afin d’arriver ensuite au cerveau où le(s) principe(s) actif(s) pourra développer son effet.
La plupart des NPS peuvent être consommés de plusieurs façons avec à chaque fois des effets et des risques légèrement différents :
Pour simplifier, lorsqu’il est sniffé, le produit se dépose sur les parois des cloisons nasales qui relient les narines au palais et à la trachée artère (dans la gorge). Il s’infiltre assez facilement dans les muqueuses qui tapissent les cloisons nasales et rejoint la circulation sanguine via les nombreux vaisseaux qui irriguent la muqueuse. Contrairement à une idée répandue, en aucun cas le produit n’atteint les poumons, sniffer n’a donc rien à voir avec l’inhalation (voir plus bas). En revanche, le « point d’entrée » étant une muqueuse, le sniff peut être rapproché du sublingual (sous la langue, surtout utilisé pour les médicaments comme la buprénorphine) et du plug (voir plus bas), les deux autres principaux modes de consommation transmuqueux. Le sniff partage un autre point commun avec le sublingual puisqu’avec ces deux modes de consommation, une partie du produit consommée est aussi ingérée (c’est la « coulée » qui est généralement avalée).
Le sniff est un mode de consommation répandu qui permet une montée relativement rapide du produit (quelques minutes) tout en faisant durer un reste de ses effets assez longtemps en raison notamment de sa combinaison avec l’ingestion. L’inconvénient majeur du sniff c’est d’abord que la surface d’absorption est réduite (à titre de comparaison pensez à l’immense surface de l’intestin pour l’ingestion ou des poumons pour l’inhalation ! ), ensuite qu’elle est extrêmement fragile. Les techniques de RDR portant sur le nettoyage des cloisons nasales ou l’emploi de matériaux doux pour faire des pailles sont donc essentielles si vous ne voulez pas avoir des problèmes dont la gravité va parfois jusqu’à imposer le remplacement des cloisons nasales par des cloisons artificielles.
C’est principalement la paille qui, pénétrant plus ou moins profondément dans le nez, peut poser des problèmes : bactéries diverses (notamment des rhumes…), virus (hépatite C bien sûr mais pas que) ou simplement des saletés qui vont déclencher des réactions locales (sécrétion de mucus, nez bouché, saignements…)
Attention à ne pas partager les pailles et les supports (sur lesquels retombent fréquemment des particules potentiellement contaminantes).
Attention à bien écraser le produit (en plus d’être moins agressive pour les muqueuses une poudre fine sera mieux absorbée et maximisera donc l’effet du produit)
Utiliser de préférence des pailles souples ne risquant pas de blesser les cloisons nasales (éviter les pailles en plastique). Toujours pour éviter de blesser les cloisons nasales mieux vaut ne pas enfoncer trop profondément la paille.
Rincer les cloisons nasales régulièrement au cours d’une séquence de consommation et SURTOUT à la fin de la séquence de consommation pour éviter qu’une croute de produit et de mucus ne continue d’endommager les cloisons nasales inutilement. Pour cela le mieux est d’utiliser du sérum physiologique (en dosette à usage unique ou sous forme de spray, attention : dans les deux cas il ne faut évidemment pas partager ce matériel qui est lui aussi contaminant) en prenant garde de bien rincer les cloisons nasales et non les narines.
Attention le sniff ne protège pas des overdoses !!
Sous cette appellation on regroupe trois modes de consommation qui ont pour point commun de nécessiter l’emploi d’une seringue pour percer le point d’entrée qu’empruntera le produit pour rejoindre le cerveau. Cette petite blessure induit une série de risques spécifiques : infections, transmission de bactéries, de virus, pénétration de spores dans la circulation sanguine, abcès etc. L’injection est clairement le mode de consommation le plus risqué et mérite plus qu’un texte synthétique aussi nous renvoyons le lecteur vers l’excellent court métrage « 17’10 pour une injection à moindres risques » facilement accessible sur les sites de partage de vidéos.
Toutefois, pour résumer le principal est de retenir que, comme les seringues, le petit matériel (cup, filtres tampons…) peut aussi être contaminant et ne doit pas être partagé, que l’injection doit se faire dans un environnement le plus stérile possible (mains, plan de travail, point d’injection etc désinfectés), qu’il faut éviter de multiplier les tirettes et faire attention à ce qu’on injecte (la quantité, mais aussi les éventuels excipients, les produits de transformation comme l’acide citrique qui devrait être remplacé par de l’ascorbique etc).
Malgré la difficulté technique et ses nombreux risques, l’injection continue d’être utilisée par un certain nombre de consommateurs. En effet, ce mode de consommation demeure le plus économique, l’injection c’est le maximum d’effet pour le minimum de quantité, dimension qui prend d’autant plus d’importance qu’on est précaire et accroc, lorsque la consommation impacte fortement sur le budget. Toutefois attention, quand on commence l’injection il est souvent difficile de faire marche arrière pour revenir au sniff par exemple.
Dans ce mode de consommation, le produit est sous forme gazeuse ou de micro-particules suffisamment fines pour pouvoir atteindre les poumons (ce qui n’est jamais le cas des poudres, d’où la différence avec le sniff). Généralement ces micro-particules sont issues de la combustion du produit, c’est ce que l’on appelle fumer. Une fois dans les poumons elles se fixent dans la circulation sanguine qui repart du cœur vers les extrémités et atteint ainsi le cerveau extrêmement rapidement (on dit que l’inhalation est le mode de consommation le plus rapide à l’exception de l’injection artérielle dans la carotide). Attention, cette rapidité d’effet peut amener des comportements compulsifs (cf dépendances). On le voit par exemple avec le crack qui rend beaucoup plus compulsif que la cocaïne sniffée alors qu’il s’agit du même produit. Comme pour l’injection il faut faire attention avec l’inhalation dans le sens où quand on y est passé il est toujours difficile de rétrograder vers un mode de consommation plus lent (comme le sniff ou l’ingestion par exemple).
Comme il n’y a pas pour l’instant de NPS sous forme gazeuse, l’inhalation de NPS concerne en réalité uniquement le fait de les fumer. C’est une pratique courante pour certains NPS comme les cannabinoïdes qui, en raison de leur proximité avec le cannabis et l’imagerie qui l’entoure, semblent être le plus souvent fumés.
Les risques principaux spécifiques à l’inhalation sont d’abord liés à la nature de ce qui est inhalé : la combustion produit des substances particulièrement nocives, notamment les goudrons, qui encrassent les poumons et se révèlent cancérigènes à long terme. Ce qui est bien connu sur la cigarette s’applique de la même manière aux autres produits fumés. C’est pour cette raison qu’il vaut toujours mieux favoriser l’inhalation sans combustion (cf vapotage et vaporisation ci-dessus). Ces deux modes de consommation encore peu connus en France devraient remplacer toute technique fumée.
L’ingestion consiste à avaler le produit. C’est à priori le mode de consommation le plus safe pour la bonne raison que le corps humain a évolué avec le risque d’avaler de la nourriture avariée ou des poisons divers (plantes vénéneuses…) et qu’il a donc développé un mécanisme de protection particulièrement efficace : la régurgitation ! Ainsi dès que votre corps sent qu’il a avalé quelque chose d’anormal il le rejette. Une explication du mal de mer serait même que, face à des mouvements qui ne lui semblent pas naturels, le corps suppose qu’il s’agit d’une illusion causée par une substance ingérée et déclenche donc des nausées puis la régurgitation.
De plus, la membrane d’absorption (les intestins) est particulièrement grande et peu fragile (c’est encore plus vrai pour l’estomac qui contient des acides puissants).
La particularité de l’ingestion est d’être un mode de consommation particulièrement lent. Selon les produits consommés, la façon dont ils sont pris (dilués dans de l’eau chaude ou dans une gélule épaisse…) et en fonction de la disponibilité de l’appareil digestif du consommateur (a t’il le ventre vide, plein ?), les effets pourront arriver entre 15 minutes et 3 heures après la prise ! Cette incertitude comporte en revanche un risque majeur : ne voyant pas d’effets pointer le bout de leur nez, les consommateurs pensent parfois être tombé sur un produit de mauvaise qualité ou s’être trompé dans les doses. Ils peuvent alors décider de re-consommer, prenant alors le double de la dose normale. C’est l’effet double montée qui est responsable d’un nombre important de surdose d’ecstasy, de LSD et des autres produits qui s’ingèrent. An ingestion il faut donc toujours laisser au produit le temps d’agir avant de reconsommer.
Le principe est celui du suppositoire : le produit, préalablement dilué est introduit (généralement avec une seringue sans aiguille) dans l’ampoule rectale où il passera dans les petits vaisseaux qui irriguent la muqueuse anale et rejoindra la circulation sanguine générale qui le conduira au cerveau. Le plug est facile à réaliser mais nécessite des conditions particulières qui le rendent inadapté à beaucoup de situations : il faut pouvoir se déshabiller et s’allonger pendant quelques minutes.
Le plug est très proche du sniff (tous deux sont des modes de consommation transmuqueux) à ceci près qu’avec le plug, rien n’est ingéré. Ce mode de consommation a beaucoup été rapproché de l’injection (au point d’être surnommé injection anale) car il possède aussi quelques points communs avec ce dernier mode de consommation : comme l’injection, le plug n’occasionne que peu de pertes (pas de gâchis) et offre une montée rapide. En dépit de ses inconvénients et de son image particulière, il apparaît donc comme une solution alternative pertinente pour des injecteurs au capital veineux abîmé.
En revanche il semble pouvoir y avoir des risques locaux liés à la corrosion de l’ampoule rectale aussi il est recommandé de bien diluer les produits. Evidemment le matériel ne doit pas être partagé pour éviter toute transmission d’infection ou autres…
Les interactions entre les différents NPS mais aussi entre NPS et traitement médicamenteux, autres drogues, alcool et parfois même aliments sont souvent compliquées et difficiles à anticiper. Pour vous aider à vous repérer dans cette jungle, voici quelques principes de base à ne surtout pas oublier :
C’est un principe de base en pharmacologie : à partir de trois consommations, qu’il s’agisse de drogues ou de médicaments, les conséquences deviennent impossibles à prévoir avec certitude car des facteurs individuels (génétique mais aussi habitudes de consommation, état de santé etc) viennent compliquer les choses… Attention ça ne veut pas dire qu’à partir de 3 produits les autres principes ci-dessous ne s’appliquent plus, gardez juste en tête que des réactions individuelles sont toujours possibles.
D’une manière générale, mélanger des produits revient à en augmenter les risques. C’est-à-dire que pour votre corps, à quantités égales il vaut toujours mieux prendre deux produits avec un intervalle le plus long possible que simultanément. C’est un principe important à retenir pour certains cas de polyconsommation, lorsque par exemple un usager utilise un dépresseur pour atténuer les effets crispants, stressants d’un stimulant : mieux vaut commencer par une session de consommation de stimulant puis, lorsque la descente pointe le bout de son nez, enchaîner avec une session de consommation de dépresseur, que de consommer les deux à tour de rôle ou simultanément.
Retenez aussi qu’en cas d’overdose de dépresseurs il ne sert à rien d’administrer des stimulants à la personne (au contraire, en augmentant le métabolisme cela risquerait d’empirer le manque d’oxygène). Pour vous renseigner sur les overdoses, c’est ICI.
Attention aussi au cannabis pour calmer les bad trips ou les épisodes délirants : si dans certains cas le cannabis peut effectivement agir comme un relaxant, dans les cas où une personne pète les plombs, il peut surtout amplifier son bad trip.
Parmi les drogues, les dépresseurs sont une famille à part : non seulement ce sont les seuls produits à entrainer une dépendance physique mais, en cas de surdoses, ils induisent un risque majeur : la dépression respiratoire (potentiellement mortelle, c’est l’overdose d’héroïne, le coma éthylique etc). Retenez bien que les dépresseurs ont des effets qui s’ajoutent, parfois même se multiplient (GBL + alcool par exemple) et que les mélanges de dépresseurs nécessitent une grande prudence, y compris lorsqu’il s’agit de traitement médicamenteux quotidiens (benzodiazépines, traitement de substitution opiacés…). Plusieurs études ont montré que les décès par dépressions respiratoires étaient bien souvent liés à des mélanges de dépresseurs.
Vous pouvez en apprendre plus sur la dépression respiratoire dans notre brochure dédiée
La sérotonine est une substance naturellement présente dans le cerveau et indispensable à son bon fonctionnement. Elle est impliquée dans le circuit de la récompense et sa libération dans les neurones joue sur les sensations de bonheur. Plusieurs drogues jouent sur la sérotonine et de différentes façons : certaines, comme la MDMA, libèrent la sérotonine tandis que d’autres (comme le tramadol, empêchent sa recapture. Le problème est que lorsqu’elle est présente en excès, la sérotonine devient néfaste et produit ce qu’on appelle un « syndrome sérotoninergique ». La personne est alors agitée, confuse, sa température s’élève, ses muscles sont raides voire elle a des mouvements involontaires, ses pupilles peuvent se dilater et rétrécir de manière désynchronisée et sans modification d’éclairage. Le syndrome sérotoninergique est potentiellement très grave (mortel) et nécessite une prise en charge médicale urgente. Là aussi il résulte bien souvent d’interactions entre différents produits sérotoninergiques comme :
Le tramadol
La MDMA
Les cathinones
Certains antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de sérotonine (IRSS)
Les inhibiteurs de mono amine oxydase (certains antidépresseurs, l’ayahuasca, la changa
Et beaucoup d’autres donc renseignez-vous pour savoir si les produits que vous consommez sont sérotoninergique.
Comme les dépresseurs, les stimulants ont des actions qui s’ajoutent les uns aux autres. Faites particulièrement attention aux mélanges de stimulants si vous avez des soucis cardio vasculaires (cf brochure overdose).
Comme l’alcool, les opioïdes augmentent le risque de vomir. Consommé en association avec des dissociatifs il peut donc y avoir un un risque d’étouffement si la personne régurgite alors qu’elle est inconsciente (en hole). C’est pour cette raison qu’une personne inconscient doit toujours être mise en position latérale de sécurité, c’est-à-dire sur le côté, le visage tourné vers le bas afin que les éventuelles régurgitations puissent s’écouler sans bloquer la respiration.
Faites aussi attention aux médicaments et traitements divers (compléments alimentaires, plantes…) qui peuvent avoir des interactions dangereuses avec certains NPS.
Les NPS ont souvent des effets sur le corps difficiles à prévoir. Par exemple, beaucoup de NPS hallucinogènes (comme les N bomes, les 2C…) ont aussi une action stimulante et vaso-constrictrice qui peut s’avérer dangereuse en cas de prédisposition aux problèmes cardio-vasculaires, tandis que d’autres comme la méthoxétamine peuvent avoir une action sérotoninergique… Ces effets insoupçonnés peuvent s’avérer particulièrement dangereux en cas de mélanges aussi informez-vous toujours sur les effets des produits que vous consommez et sur les éventuelles interactions qu’ils entretiennent. Pour cela vous pourrez trouver des informations ici TRIPSIT, Psychonaut.wiki etc et sur les forums de consommateurs.
Les surdoses constituent un des plus gros risque avec les NPS. Elles sont principalement dues à 3 facteurs :
Pour bien doser votre RC vous pouvez vous référer aux conseils ci-dessus (crédit : Techno+) mais faites bien attention avec les balances de précision qui finissent par se dérégler sans prévenir (par manque de piles ou suite à des micro chocs) et peuvent vous envoyer à l’hôpital… Il faudrait quasiment avoir deux balances pour confirmer la pesée.
Enfin, pour déterminer le dosage exact nécessaire nous vous recommandons de consulter Erowid et Psychonaut.wiki qui sont deux sites de références en la matière et qui proposent pour chaque molécule une échelle de dosage allant de « light » à « strong »…
Enfin, retenez que les overdoses de NPS prennent les mêmes formes que les overdoses de produits classiques. Schématiquement elles peuvent se décomposer en deux catégories auxquelles nous avons consacré deux documents détaillés que vous retrouverez ici : les overdoses de stimulants et les overdoses de dépresseurs.
En revanche, comme le montre le dessin ci-dessus, les NPS ont tout de même une spécificité qui aggrave le risque d’overdose : leur dosage est parfois impossible à réaliser à l’œil nu tant les doses sont infimes. Contrairement aux drogues « classiques » pour lesquelles les doses moyennes sont généralement de l’ordre du dixième de gramme, avec certains NPS la même dose s’avère potentiellement mortelle. Il est donc nécessaire de s’équiper d’une balance de précision voir même d’une seconde au cas où la première perdrait subitement sa fiabilité (un choc peut suffire
Comme tous les produits psychoactifs les NPS peuvent entraîner différentes formes de dépendances. Or, si être dépendant n’est pas forcément problématique, se retrouver accroché à un produit sans l’avoir vu venir est souvent difficile à accepter. Pour éviter ça, le mieux est d’essayer de comprendre les mécanismes par lesquels fonctionne la dépendance au-delà de la vision binaire et simpliste que propage la société (« on est dépendant ou on ne l’est pas, point »). En effet plutôt que de parler de la dépendance on gagnerait à parler des dépendances au pluriel tant l’accroche à un produit peut prendre des formes variées. Au point que certains disent qu’il y a autant de façons d’être dépendant que de personnes dépendantes… Et même plus en comptant qu’une même personne peut être dépendante de plusieurs produits. Et aussi l’être différemment au cours de sa vie. Et… Bref, cette partie est là pour vous aider à y voir plus clair et à mieux anticiper. Si vous avez l’impression d’être déjà dépendant et que vous aimeriez que ça change, rendez-vous ICI-besoin d’aide.
La dépendance physique est caractérisée par des symptômes physiques (courbatures, spasmes, délire, douleurs, troubles digestifs…), à peu près les mêmes pour tout le monde, qui surviennent en cas de sevrage (arrêt de la consommation). Habituellement, seuls les dépresseurs entraînent des dépendances physiques.
La dépendance psychique peut aussi entraîner des symptômes physiques en cas de sevrage (sueurs froides, courbatures…) mais ils sont variables selon les personnes. Tous les produits (et plus généralement tous les comportements qui produisent du plaisir et de l’excitation) sont susceptibles d’induire une dépendance psychique.
On a souvent tendance à penser qu’il est plus difficile de se débarrasser d’une dépendance physique que d’une dépendance psychique alors que c’est le contraire : en 1 mois d’abstinence, quel que soit le produit consommé la dépendance physique disparaît… Contrairement à la dépendance psychique qui peut durer des années et dont il est quasi impossible de se débarrasser. Attention donc à ne pas hiérarchiser dépendance physique et psychique et à vous croire hors de danger parce que vous n’êtes pas dépendant physiquement.
La dépendance psychique se traduit par des cravings, c’est-à-dire de fortes envies de consommer. Ces cravings sont souvent déclenchés par des stimulis extérieurs (odeurs, lieux, musique…) mais aussi par des émotions ou autres associations d’idées. La gravité d’une dépendance psychique ne se mesure donc pas à la quantité ou à la fréquence de la consommation mais à l’intensité et à la fréquence des cravings. Pour vous auto diagnostiquer vous pouvez vous poser ce genre de questions :
Si vous voulez continuer vous trouverez d’autres questions dans le flyer repères de Technoplus ou dans le quizz « dépendance » de Psychoactif.
Lorsque certains contextes (milieu festif, quartier, travail…) déclenchent systématiquement des cravings, on parle de dépendance contextuelle. Pour limiter l’apparition d’une dépendance contextuelle il faut éviter de consommer systématiquement dans le contexte en question afin de casser l’association contexte – consommation.
Dans d’autres cas, la consommation d’un produit provoque un craving pour un autre produit, c’est le fameux « café-clope » dont les variantes les plus fréquentes sont alcool-stimulant (la descente d’alcool provoquant l’envie de se « remonter » avec un stimulant) ou stimulant-dépresseur (la descente de stimulant provoquant l’envie de se relaxer et de casser la compulsion avec un dépresseur). Là aussi la meilleure façon d’éviter qu’une pratique ne se transforme en dépendance et de ne pas laisser s’installer l’habitude, le systématisme, qui favorisent les associations d’idées.
Un cas particulier : lorsque le craving est déclenché par la consommation elle-même. C’est souvent le cas de stimulants à durée d’action courte (par exemple le crack), qui entraînent un bien être de courte durée rapidement remplacé par une descente difficile qui se traduit par un fort craving. Le consommateur risque alors d’entrer dans un cercle vicieux où chaque consommation lui redonne finalement encore plus envie de consommer, qui ne prendra fin qu’au moment où il ne lui restera plus de produit. C’est ce qu’on appelle la compulsion.
Le mode de consommation joue aussi sur la compulsion : plus il est rapide (shoot, inhalation et à la limite transmuqueux) plus il induit de compulsion. A l’inverse un mode de consommation plus lent (notamment l’ingestion) diminue la compulsion.
Pour lutter contre la compulsion, il est donc possible de favoriser un mode de consommation plus lent (quelques rares personnes le font par exemple en ingérant la cocaïne), mais la meilleure solution est souvent de jouer sur le contexte, par exemple en limitant la quantité de produit disponible sur une session de consommation. C’est souvent difficile avec les NPS qui sont souvent vendus avec des quantités d’achat minimales (par exemple un quart de gramme) correspondant à un important nombre de doses. Certains consommateurs font alors le choix de détruire une partie du produit dès qu’ils le reçoivent. D’autres moins radicaux, font la même chose mais en se renvoyant l’excédent par la Poste pour le recevoir quelques jours plus tard. Enfin, pour lutter contre la compulsion, beaucoup de consommateurs choisissent de casser le cycle en prenant un dépresseur, souvent des benzodiazépines, afin de se calmer voir s’endormir. Attention toutefois à ce type de polyconsommations qui induisent des risques supplémentaires (cf mélanges, intercations).